Est-Ce Que “Suis Tes Rêves” Est Un Tas De Conneries ?

Traduit en Français par Amandine Deligny.

Vous savez, je reçois un tas de questions au sujet de « suivre ses rêves ». Devrais-je ou ne devrais-je pas ? La plupart du temps, il y a un problème d’argent impliqué ; autrement, pourquoi ne suivrais-tu pas tes rêves ?
Malheureusement, il semblerait que beaucoup d’entre nous « rêvent » d’emplois qui payent beaucoup, qui sont faciles à obtenir, et qui sont faciles à faire. Je suppose que c’est parce qu’il n’en existe aucun. Ca nous laisse avec trois types basiques de « métier de rêve » :

1) Ceux qui payent beaucoup et qui sont très gratifiants, mais qui requièrent ENORMEMENT de connaissances avancées et d’études que tu es ou n’es pas capable d’acquérir. Tu sais, chirurgie du cerveau, science astronautique, chirurgie du cœur, inventer un remède contre le cancer –ce genre de trucs.

2) Ceux qui payent beaucoup et qui sont très amusants et qui ne requièrent PAS de connaissances avancées –et qui sont pleins de compétition à cause de cela, et donc, les chances d’y arriver sont très minces. Là, je parle des acteurs, des mannequins, des rock stars, des rappeurs, etc.

3) Ceux qui sont très plaisants, satisfaisants et enrichissants mais qui payent super mal. C’est le plus gros groupe. Je suis sûr qu’on pourrait se réunir et lister des centaines de ces jobs, mais tenons nous simplement à : l’enseignement, la religion, l’écriture, l’art, la danse, le service à la communauté. En gros, la plupart des occupations qui impliquent une recherche de profits pour aider les gens qui en ont besoin –les gens pauvres, malades, les enfants, etc. Si tu veux faire quelque chose dans ce domaine, les gros sous ne sont probablement pas dans ton futur (même s’il y a des exceptions, et j’espère que tu en es une).
La plupart des conseils que vous lisez sur ce site (parfois de moi, mais souvent de la part des personnes qui commentent) vous pousse à suivre ces rêves, peu importe lesquels. Parfois, ça paye, mais d’autres fois, ça conduit simplement à un tas de… rêves brisés. Et quand Adrian m’a écrit ce mot, ça m’a amené à penser : est-ce que tout le concept de « suivre ses rêves » est une idée à défendre ou est-ce que ça te prépare juste à de la douleur et de la désillusion plus tard ? Mais premièrement, laissons Adrian parler :


Premièrement, j’apprécie beaucoup tes conseils journaliers. Voilà ma situation. Je veux devenir un missionnaire médical, peut-être en obtenant une licence en santé publique.

Cool. Tu pourrais probablement devenir missionnaire médical sans ce diplôme aussi, si tu veux. Je te le dis juste comme ça, si l’argent est un souci.

Ceci dit, ma vraie passion est la composition musicale et l’enregistrement. Ma grand mère me dit que continuer dans la musique n’est pas un milieu facile et que pour pouvoir vivre, je devrais suivre une autre voie (elle est aussi contre le fait que je devienne un missionnaire).

Grand mère a l’air d’être carrément démotivante, même si je comprends d’où elle vient. Elle ne veut pas te voir mourir de faim. Les parents et les grands-parents disent à leurs enfants que la musique n’est pas un milieu facile depuis des siècles. Mais là aussi, si tout le monde les écoutait, il n’y aurait ni rock, ni métal, ni hip-hop, ni jazz, ni blues, ni country, ni électro, ni.. bon, tu vois ce que je veux dire.

Mes grands-parents m’ont convaincu de mettre assez d’argent de côté pour l’école afin d’éviter de m’endetter. Donc, actuellement, je recherche un job dans le domaine des remboursements médicaux. Selon mes grands-parents, je peux obtenir un diplôme pour ce genre de jobs via des cours par correspondance (par le biais de l’US Career Institute).

Même si tu es seulement un “semi-régulier” sur ce site, tu sais que je suis totalement pour le fait de garder la dette étudiante au minimum. Mais c’est rare qu’une personne puisse faire la totalité de ses études supérieures avec ZERO dettes. Comme toute situation à double tranchant, si tu dois t’endetter, la modération est la clef. Devrais-tu prendre 120 000$ en emprunts pour une Licence en Santé Publique d’une école privée ? Probablement pas. Mais devrais-tu t’empêcher d’avancer dans tes études juste parce que tu n’as pas la totalité des frais de scolarité sur ton compte en ce moment ? Non, c’est encore pire, je pense.
Jusque là, j’ai pas vraiment eu beaucoup de chance, même en offrant mes services en tant que bénévole. Je suis persuadé que c’est dû, en partie, au fait que je vive dans un coin de l’Oregon qui (au moins, il y a quelques mois) avait le deuxième plus gros taux de chômage du pays et au fait que nous soyons actuellement en récession. Même si je trouve un boulot, j’ai l’impression que ça me prendra des années pour être capable de payer pour l’université.

Eh bien, si le codage médical est une compétence que tu ne peux même pas offrir gratuitement, ce n’est pas un bon point de chute pour toi. Tu serais mieux serveur, ou employé chez Mc Donald’s, parce que même dans un Oregon ravagé économiquement, les gens ont toujours besoin de manger. Et tu as toujours besoin d’argent !

Donc, je suis tiraillé entre éviter les dettes et être obligé de me trouver un job à salaire minimal. J’améliore mes compétences musicales pendant mon temps libre, en apprenant ce que je dois savoir sur ma passion. J’hésite à retourner à l’université (j’ai déjà pris quelques classes générales) où je pourrais être un étudiant de nouveau, mais je ne veux pas me retrouver endetté, mais je ne veux pas avoir à attendre des années pour gagner assez d’argent pour éviter les dettes, même si je peux trouver un job où je peux gagner autant d’argent.

Toujours,
Adrian : )

Avec rien de plus que les compétences pour un salaire minimal, tu ne seras jamais capable de mettre autant d’argent de côté. C’est juste impossible. Mon meilleur conseil pour toi au niveau scolaire serait d’intégrer un « Community College » et d’engranger les exigences au niveau de l’éducation générale. Un « community college » est un lieu sympa pour prendre tes cours pour un prix minimal. (tu pourras aussi y trouver des musiciens, des fans, des groupies potentielles, etc.)

Je pense que tu dois quand même choisir si ta priorité est le domaine médical ou la musique (et juste pour info, on parle de quoi au niveau de la musique ? Composition ? Détruire des guitares électriques ? Manager des rappeurs du Nord Ouest Pacifique?). Pas que tu ne puisses pas tenter les deux, mais scolairement parlant, ce sont deux chemins qui divergent.

Pendant que tu essayes d’assimiler tout ça, garde ton niveau de dettes au minimum en prenant des classes générales dans un « community college » et en travaillant à côté. Ca te prendra peut être un an ou deux, et d’ici là, tu auras eu le temps de rechercher les possibilités au niveau des missions médicales ou au niveau de tes intérêts musicaux, et tu pourras avancer sur le chemin que tu préfères.

Ouais, donc, revenons au problème de savoir si dire à quelqu’un de suivre ses rêves est un tas de conneries. Vous savez, ça me semble évident qu’on ait la même réponse 95% du temps, et c’est ça :

Suis tes rêves mais trouve un plan de secours. Y’a sûrement quelqu’un qui vous a dit ça à un moment, non? Si non, vos conseillers ont fait une erreur.

Le plan de secours est la clef. Oublier de préciser la nécessité d’avoir une idée de carrière de secours et dire aveuglement aux gens de suivre leurs rêves à tout prix et « tout s’arrangera de soi-même » est le pire conseil qu’un conseiller de confiance peut donner (et je parle notamment de conseillers d’éducation, de parents, grands-parents, etc.). C’est ce que les gens vous disent quand ils sont trop fainéants pour vous aider à voir vos réelles options. Dans ce cas, vous devez trouver de nouveaux conseillers.

Après, si cette personne a des millions cachés pour vous relever après que vous vous soyez lancés à corps perdu dans votre carrière rêvée, alors…

Mais sérieusement, j’ai peu de patience avec les gens qui abusent de leur rôle de conseiller de confiance en minimisant certaines réalités dures de la vie. Par exemple, tu peux choisir d’étudier la dance, de devenir un danseur, et revenir après dans ton village natal et ouvrir un studio de danse très prospère et être très heureux et comblé de cette façon, ce qui est exactement ce que mon amie Andrea Muehl a fait dans ma ville.
Ou tu peux choisir d’étudier la danse, faire un tas d’emprunts étudiants pour avoir ton diplôme, ne pas faire beaucoup de spectacles, décider que c’est trop dur, et finir par travailler dans un salon de maquillage Nordstrom ta vie entière pour pouvoir rembourser tes emprunts, en regrettant ce qu’il se serait passé si tu avais fait des choix différents.

Ces deux options sont totalement possibles. Tes conseillers se doivent de te présenter les deux scénarios avant que tu fasses ton choix. Tu es un grand garçon/une grande fille. Tu peux le supporter.
Si tu veux suivre tes rêves, tu dois aussi te rendre compte aussi TOT que possible des choses que tu vas devoir abandonner pour les accomplir. Pour rester sur l’exemple de la danse, ne confonds pas « réaliser mon rêve en tant que danseur professionnel » avec « « réaliser mon rêve en tant que danseur professionnel ET avoir toutes les possessions matérielles et la liberté que tous mes autres amis ont avec un job plus flexible et qui paye plus. » C’est totalement différent, crois moi.

Pour faire court: tu abandonneras peut-être beaucoup de choses que les autres estiment acquises pour pouvoir vivre ton rêve. Es-tu prêt à le faire ? Es-tu prêt à louer un appartement minable dans un quartier dur pendant que tes amis achètent leur première (voire deuxième) maison ? Es-tu prêt à conduire une voiture vieille de 14 ans bien après que tes amis en aient de nouvelles ? Es-tu prêt à quitter une journée d’un travail que tu adores – pour aller bosser 5 heures pour un autre job à temps partiel, juste pour payer tes factures ?
Ce sont les VRAIES questions que tu dois te poser avant de sauter de la falaise « suis tes rêves ». Si tu es prêt à affronter ces risques et conséquences, alors tu es prêt à suivre tes rêves. Si non, tu as peut être besoin d’y réfléchir à deux fois.

Après avoir dit tout ça, vous avez besoin d’entendre cette histoire vraie:

Il y avait un mec dans mon université, l’Université du Missouri – Ecole de Journalisme, quelques années avant moi. C’était un bon élève, apparemment, mais lis bien ça – TROIS SEMAINES avant la remise de diplôme, il a décidé de tout lâcher, a pris ses affaires, et il est parti à Hollywood pour devenir acteur. Je suis sérieux. Trois semaines avant la remise de diplômes.

Si ce mec m’écrivait aujourd’hui, je lui dirais qu’il est complètement dingue. Quelle différence ça fait, trois semaines ? S’il pouvait percer à Hollywood maintenant, il le pourrait dans trois semaines, pas vrai? Exactement.

Il se trouve que ce mec, c’était Brad Pitt. Et à part le fait qu’il a totalement ignoré le conseil que je lui aurais donné, il s’en sort bien.

Prenez tout ça pour ce que ça vaut, et dites moi ce que vous en pensez dans les commentaires.

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